Compte rendu de la conférence du 15 octobre 2025 au Parlement européen. Par CLARA Life, membre ONG de la Fédération européenne ONE OF US.
Plus de 200 participants, venus d’une vingtaine de pays, se sont retrouvés à Bruxelles mercredi dernier pour écouter des femmes qui ont traversé une maternité vulnérable et confronter, sans slogans, les politiques publiques à la réalité vécue. CLARA Life y a pris part en tant que membre-ONG de ONE OF US, avec une conviction simple : l’Europe n’a pas besoin d’« encore plus d’accès à l’avortement », mais d’un accompagnement réel, continu et digne pour chaque femme enceinte.
Dès l’ouverture, le ton était donné : la maternité n’est pas seulement une affaire privée, c’est un bien social qui mérite protection et moyens. Les témoignages de femmes venues de France, d’Italie, des Pays-Bas, du Portugal, d’Espagne et de Slovénie ont dévoilé ce que cachent souvent les statistiques : derrière de nombreuses IVG se trouvent la solitude, la pression affective ou économique, l’absence d’informations loyales et d’aides concrètes. Charlène, française, a décrit une interruption « organisée » autour d’elle plutôt que « choisie » par elle : un compagnon paniqué, des interlocuteurs médicaux pressés, aucune alternative véritable, puis des années de dépression jusqu’à ce qu’une aide spécialisée la relève. « Je n’ai pas disposé de mon corps. On a disposé de mon corps. » Son appel est net : former les professionnels à dépister la contrainte, garantir un consentement véritablement éclairé et proposer des solutions concrètes — logement, soutien psychologique, aide juridique, garde d’enfants, au lieu d’abandonner vers l’IVG.
D’autres récits ont mis en lumière des pères absents, des situations de précarité aiguë et des procédures administratives contre-productives. Là où des maisons de maternité et des centres d’écoute existent, comme dans le réseau italien, la trajectoire bascule : on écoute sans juger, on aide immédiatement (couches, lait, poussette, titres de transport), on trouve une chambre pour la nuit, on accompagne dans la durée. Résultat : des femmes se redressent, des familles se reconstruisent, des enfants naissent. Nulle idéologie ici : seulement la preuve que l’accompagnement change les faits.
Sur le plan juridique et politique, plusieurs intervenants ont rappelé que la Charte des droits fondamentaux de l’UE protège la famille et la maternité, et que des directives européennes encadrent la sécurité au travail des femmes enceintes et l’équilibre vie professionnelle/vie familiale. Pourtant, un fossé subsiste entre le droit écrit et la vie réelle : des budgets continuent d’alimenter des programmes militants, quand des structures de terrain manquent de financement pour répondre aux urgences du quotidien. Le principe de subsidiarité a été fortement réaffirmé : sur des sujets aussi sensibles, l’Union doit soutenir les solutions de proximité, non imposer des logiques uniformes, a fortiori l’« exportation » d’actes non autorisés par certains États.
Le cœur de la rencontre fut cette évidence : la vraie liberté des femmes passe par le soutien, pas par l’isolement. Offrir une place en crèche, une médiation sociale, un congé réellement indemnisé, une aide au loyer, une conseillère qui suit le dossier sans relâche — voilà ce qui rend un choix possible et digne. Dire à une femme « vous êtes libre » tout en la laissant seule face au vertige matériel et affectif n’est pas une politique ; c’est un abandon.
La conférence s’est conclue par une déclaration appelant les institutions européennes à rendre effectifs les droits proclamés : financer l’accompagnement maternel, reconnaître officiellement les maisons de maternité et centres d’écoute comme infrastructures sociales essentielles, mesurer l’isolement et le traumatisme post-IVG, faire respecter la co-responsabilité paternelle, et garantir partout en Europe des parcours d’aide lisibles, rapides et opposables. CLARA Life souscrit pleinement à cette feuille de route : réorienter les moyens vers le concret, c’est faire reculer la contrainte silencieuse, c’est prévenir la détresse, c’est honorer la dignité des femmes et la valeur de chaque vie humaine.
À celles et ceux qui demandent ce que « pro-vie » veut dire en pratique, la réponse tient en peu de mots : présence, moyens, constance. Ce sont des équipes qui répondent au téléphone à 23 h 30, des loyers payés à temps, un avocat qui rassure, une psychologue qui suit, une place en crèche trouvée, un employeur partenaire, un père rendu à ses responsabilités. C’est tout cela, et c’est possible; chaque jour, partout en Europe, si nous choisissons enfin d’accompagner.
CLARA Life poursuivra ce travail en Belgique et au niveau européen, au sein de ONE OF US, pour qu’aucune femme ne soit plus jamais seule face à sa grossesse et que chaque enfant puisse être accueilli.
Voir la vidéo intégrale de l’événement.
Wouter Suenens, CLARA Life – Mouvement pro-vie belge, membre ONG de ONE OF US.